“Te Araroa” Trail

teararoaQuelques foulées sur le Te Araroa…

En octobre 2015 j’ai quitté mon emploi dans le secteur de l’épuration des eaux à Liège. Voulant souffler un peu, puis prendre du recul face à cette première expérience professionnelle, je décidais de partir voyager seul pendant quelques temps. Après avoir considéré pendant un certain moment l’Amérique latine, mon dévolu s’est jeté sur la Nouvelle-Zélande, une destination qui fait rêver, et qui m’intriguait depuis l’expérience de mon frère Tanguy dans ce pays.

Dans mes précédents voyages, j’ai souvent suivi la mode actuelle : backpacking, où l’on va d’un point d’intérêt à l’autre en suivant les conseils (avisés ?) d’un guide papier. Ici je voulais faire quelque chose de différent, allier sport et découverte, en évitant les coins les plus touristiques pour plusieurs raisons : fuir la foule, minimiser les coûts et vivre quelque chose d’authentique. Après quelques recherches sur internet je suis tombé sur un site décrivant le « Te Araroa », un trail de longue distance à l’instar des grands sentiers Américains (PCT, CDT, Apalachian Trail).

Le Te Araroa, ou « longue marche » en maori, est un sentier qui relie les pointes septentrionale à australe de la Nouvelle-Zélande. 3000 km entre Cape Reinga et Cape Bluff, majoritairement sur des sentiers accessibles uniquement aux marcheurs dans des environnements très divers (plages, plaines, montagnes,…). N’ayant pas le temps nécessaire pour parcourir l’entièreté du sentier, je décidais de suivre ce sentier sur l’île du sud (réputé pour être la plus sauvage). Au final, j’aurai parcouru environ 900 km sur ce sentier, et 200 km de variantes, pour relier Picton dans le Malborough sound au Divide, dans le Fiordland. Une expérience inoubliable, faite de vues à couper le souffle, de rencontres marquantes, de peurs, de joies, de solitudes et de beaucoup d’émerveillements !

La préparation est déjà une aventure en soi : se défaire de ces choses inutiles pour obtenir le sac le plus léger possible tout en gardant un minimum de confort. Et puis on prend toujours quelques extras, ces choses inutiles mais qui vous caractérisent sur le sentier quand vous rencontrez d’autres marcheurs… Pour moi ce fut ma canne à mouche, qui m’a bien servie d’ailleurs ! Au final 13 kg sur le dos « base weight » (c’est-à-dire sans eau, nourriture et gaz). Peux mieux faire, j’ai croisé des marcheurs avec des base weight de 5kg !

Sur place, les gens qu’on rencontre ne comprennent pas tous qu’on voyage réellement à pied. So you’re hitchiking ? Non, je marche. You’re crazy ! Pas vraiment. Au début c’est dur, le sac est lourd, on a mal aux épaules et on ne pense qu’à ça. Puis petit à petit (et après s’être défait de quelques objets inutiles) on s’habitue, on ne sent plus trop le sac.

Quel bonheur que marcher ! La marche en pleine nature libère l’esprit ! On est libéré des tracas quotidiens ! D’un point de vue pratique, les seuls soucis sont ceux pour trouver un endroit ou dormir, des points d’eau (on croise des rivières partout donc pas vraiment nécessaire à planifier finalement) et de gérer son stock de nourriture. Le reste c’est de l’émerveillement, du temps pour penser à d’autres choses que l’on chasse ou toujours à plus tard dans la vie « normale ». C’est également du temps pour la spiritualité, que l’on retrouve partout dans cette Nature époustouflante. Par contre, moi qui espérait réfléchir sur certaines questions « existentielle » du genre boulot et autre, c’est un peu raté. Il faut des stimuli extérieurs pour faire avancer les réflexions.

Et puis c’est aussi un peu de solitude. Parfois voulue et bénéfique, parfois ennuyeuse car l’on veut partager, mais personne n’est présent. On se réjouit alors intérieurement, et on remercie de pouvoir vivre d’aussi beaux moments. Et puis des rencontres. Un bucheron Suisse au rire incroyable et partant pour tout, un Québécois engagé portant le carré rouge sur son sac jusqu’à l’autre bout de la planète. Des gens incroyables. Puis des sportifs (fous) qui font le sentier en marchant 50 km par jour avec un sac de 5kg… D’autres qui se mettent le défi de ne jamais prendre une voiture pour aller se ravitailler. Des habitués des grandes marches qui ont déjà marché tous les autres grands sentiers de la planète (où trouvent-ils le temps ? C’est un choix !).

Enfin, une marche de longue distance est une expérience que je vous recommande fortement, en Nouvelle-Zélande ou ailleurs !