Sur les traces des Connor, o’Connely et autres Cromwell

IMG_0556Terre brulée aux vents, des landes de pierres, l’Irlande nous a attiré pour chercher un goût de meilleur. La chanson dit qu’on y vit encore au rythme des pluies et du soleil, et qu’on y croit encore aux monstres des lacs qu’on voit nager certains soirs d’été et replonger pour l’éternité. Que vouloir de plus pour mettre en musique une belle aventure? C’est ainsi que nous, Priscilla, Matthieu, Charles et Mathilde, sommes partis sur les traces des Connor, des o’Connelly et de Cromwell le long du ring of Kerry.

27 JUILLET – JOUR 1 : TRAJET ALLEE Aéroport, Check-in, contrôles, tout passe, c’est bon, on s’envole! Dublin, le bus et nous voilà chez notre ami Gonzague pour stocker la valise de Matthieu qu’il aura besoin après notre périple pour voyager en Angleterre. Enfin tout est réglé et nous sommes prêts pour partir dans la région du Kerry. C’est alors que commence un Pékin express : Priscilla et Charles contre Matthieu et Mathilde pour tenter d’arriver le plus rapidement possible à Killarney en stop. La mise : une véritable Guinness pour l’équipe gagnante. Quitter Dublin ne fût pas le plus facile, mais au final, ce soir-là, Mathilde et Matthieu sont les plus avancés, à quelques kilomètres seulement de Limerick. Ils sont accueillis chez un couple tout simple vivant de leur récolte de miel estivale tandis que Charles et Priscilla sont logés dans un appartement avec un bon lit chez un collectionneur de belles voitures entreposées dans son spacieux garage.P1000325

28 JUILLET – JOUR 2 : KILLARNEY Le lendemain matin, après un petit dej’ d’une heure et demie, de discussions de politique et d’histoire de l’Irlande, Mathilde et Matthieu se remettent en route…pour arriver les premiers à Killarney aux alentours de midi ! Mais nos perdants ne sont pas si malheureux : ils s’étaient payé un bon petit dej’ typique irlandais sur leur route. Soit, le fameux trek peut commencer ! Les premières heures de marche se passent facilement, on découvre vite les joies de l’humidité et de la terre marécageuse ainsi que les belles vallées qui s’étendent devant nous. Ce soir-là, nous plantons les tentes le long du chemin, à coté d’une petite cascade toute mignonne. Les midges nous accueillent !

29 JUILLET – JOUR 3 : BLACK VALLEY Petit déjeuner itinérant pour fuir les nuages de midges et tenter de manger plus ou moins tranquillement et puis on attaque la marche. A midi, on arrive dans la Black Valley, une belle grande vallée avec quelques maisons perdues dedans… on se croirait en Terre du milieu avec des petites maisons de hobbit. C’est là que des nuages noirs qui viennent du nord colorent la terre, les lacs, les rivières, c’est un décor magnifique parsemé de goutte d’eau. Ca monte, ça descend, ça tourne et nous voilà le soir en haut d’une petite montagne. Le vent souffle, on s’entraide pour monter nos tentes au plus vite et se mettre à l’abris, bien au chaud.

IMG_055130 JUILLET – JOUR 4 : GLENCAR – GLENBEIGH Ce matin-là, le ciel irlandais était en paix. Avec un peu d’espoir, nous échapperons à la pluie… Nous partons en direction de Glencar. Arrivé là-bas à midi, nous découvrons le patelin qui se résume à trois maisons tout au plus. Après un bon pique-nique, nous prenons refuge dans le pub « The climber’s Inn » pour se réchauffer autour d’un café. Une fois revigorés, nous continuons notre route pour rejoindre Glenbeigh le soir. Dans ce village, nous goutons de véritable fish and chips agrémentés d’un peu de « magie des druides », un cidre irlandais.

31 JUILLET – JOUR 5 : CAHERSIVEEN Notre route commence dans la forêt, pour ensuite monter et longer l’océan. Nous passons par des cols venteux : on peut laisser aller notre corps en avant contre le vent tout en restant droit ! Bref, n’y jouons pas trop longtemps ou la pluie nous rattrapera… On redescend donc de l’autre coté, pour trouver abris plus loin dans un bois où l’on se fera un petit feu pour nous réchauffer et nous remotiver. Et puis, la route reprend en direction de Cahersiveen. Nous y arrivons en début d’après-midi, parfaitement à l’heure du thé, qu’on va bien sur prendre (ou plutôt un Irish coffee). Ensuite, comme nous ne savons pas où dormir dans ce village, nous allons nous adresser au prêtre de l’église et rencontrons ainsi une charmante dame qui nous permet de planter notre tente dans son humble jardin. Nous assistons à la messe avant d’aller nous rassasier dans un resto typique irlandais. La soirée se clôture avec un karaoké que l’on tente de remporter en chantant les lacs du Connemara de Michel Sardou. Malheureusement, les irlandais ne connaissaient pas cette chanson, sinon, nous aurions gagné avec nos belles voix bien entendu (humhum).IMG_0532

1 AOUT – JOUR 6 : VALENTIA ISLAND & WATERVILLE Ce jour-là, c’est la journée extra : nous faisons une extension à notre trek à la conquête de Valentia Island. Puisque c’est extra, un peu de stop s’autorise et nous arrivons vite à l’île. C’est là que nous voyons nos premières falaises irlandaises tant attendues ! La vue pour notre repas de midi est parfaite. Après s’être baladé dans l’île, nous remontons le pouce pour aller à Waterville où l’on s’est promis une nuit en auberge, au « Peter’s place » dont on avait entendu parler pour son accueil et son prix très raisonnable. Seulement, on ne tombe pas le bon jour apparemment et cet hostel est fermé. Nous trouvons abris pour la nuit dans la cave de l’église en rénovation. La mer ne semble pas très chaude mais Mathilde tente le coup pour une petite baignade pendant que d’autres font vite leur lessive aux toilettes publiques avant de se faire expulser.

2 AOUT – JOUR 7 : CAHERDANIEL – CASTLECOVE Nous quittons Waterville le matin pour reprendre le Kerry way en direction de Caherdaniel. Après avoir monté, passé un autre col venteux, descendu, tourné à gauche, à droite, s’être mouillé quelques fois les pieds, nous rejoignons la bourgade en début d’après-midi pour le repas. Un salon de thé très british attire alors notre attention et nous craquons pour un chocolat chaud et du café. On se croyait dans le bureau du Professeur Dolores Ombrage (Harry Potter 5) de part la décoration presque kitch. Ceci dit, ceci fait, un petit tour de carte et de rigolade, et puis, c’est de nouveau le froid, le vent et la pluie pour marcher jusqu’à Castlecove. Grand bonheur une fois arrivé là-bas : l’auberge Bake my day peut nous héberger pour la nuit à un prix défiant toute concurrence ! Tout passe à la lessive : chaussette, t-shirt, sous-vêtement et bien sûr, nous aussi. Notre chambre 3 personnes que l’on se partage à 4 devient vite un refuge de gitan avec des vêtements et des vestes qui pendent de tout les côtés, les chaussures rassemblées autour du radiateur avec l’espoir que ce dernier parviendra à tout faire sécher pendant la nuit.

P10003733 AOUT – JOUR 8 : SNEEM Après une nuit dans un lit douillet composé d’un vrai matelas, d’une couette douillette et d’un oreiller, il est difficile de se lever et d’affronter le temps irlandais. Mais le porridge nous booste d’énergie et nous voilà reparti vers Sneem, sur les traces de Charles de Gaule. Nous arrivons au village aux alentours de midi. Nous n’imaginons plus renoncer à notre habitude de prendre une boisson chaude après notre repas et la boulangerie du coin nous convainc particulièrement. Nous tentons de continuer notre route en direction de Kenmare… jusqu’à ce qu’un « sweater shop » attire notre attention et c’est parti pour 2 heures d’essayage de pull en laine véritable, de veste de chasse et de cape de soirée très élégante qui contraste légèrement avec notre accoutrement de randonneur. Bref, chacun cherche, fouille, essaye, se conseille et l’heure tourne, c’est la fermeture du magasin, il est 19h et il pleut, pour changer. Alors nous décidons de chercher une maison accueillante pour la nuit, ou ne fusse qu’un garage, tout était bon, tant qu’on était protégé. C’est ainsi que nous sommes accueilli par une dame qui nous propose l’ancien abri de son âne pour planter nos tentes en dessous. De cette façon, cet humble abri devient notre palace pour la nuit et nous permet de nous protéger de la tempête qui fait rage dehors.

4 AOUT – JOUR 9 : KILLARNEY Les chaussures ne sont pas tout à fait sèches et pour certains, les cloches deviennent de moins en moins supportables. On mort sur sa chique et nous marchons encore toute la matinée pour arriver à Blackwater bridge, midi passé. Il pleut et une bonne après-midi de repos au pub nous fait le plus grand bien. On y goutte du whisky, de l’Irish coffee, du Baileys coffee… Bref, on se soigne plutôt bien ! Quelques jeux de carte nous font bien rire et notre cœur se réchauffe et s’enivre de cette agréable ambiance. Et puis arrive l’heure de se remettre en route. Nous décidons de rejoindre la « grande » route la plus proche pour arrêter quelques voitures et rejoindre rapidement Killarney. Une fois arrivés, nous faisons quelques courses, jouons aux cartes à l’abri d’une galerie commerçante et cherchons un jardin pour planter notre tente pour la nuit.

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5 AOUT – JOUR 10 : DINGLE Après une bonne nuit dans le jardin de gens charmants, nous relevons le pouce, arrêtons quelques voitures et nous arrivons ainsi à Dingle sans avoir quelques émotions avec un petit vieux qui ne devrait peut-être plus conduire à son âge… Nous visitons alors le petit village portuaire réputé pour le fameux dauphin Fungi qui se balade dans la baie. Mais il n’y a pas tellement à voir là-bas et finalement, nous nous retrouvons dans un salon de thé à jouer aux cartes pour ne pas faillir à nos habitudes. Pour la nuit, nous trouvons un champ au bord de la baie et profitons d’un beau coucher de soleil sur la vue.

6 AOUT – JOUR 11 : CLIFF OF MOHER Nous nous réveillons sous un ciel clair, les prévisions météorologiques pour aujourd’hui étaient bonnes ! C’est la journée idéale pour se rendre aux cliffs de Moher tant réputés. Quelques parties de pouce en l’air et nous voilà aux pieds des falaises… ou plutôt au sommet car celles-ci plonge sous nos pieds jusqu’à 200 mètres plus bas où elles se fondent dans l’océan. Ces falaises s’étendent sur 4km de long : il y a une partie vraiment plus touristique faite d’un chemin goudronné et sécurisé par des murs en béton, l’autre partie est un sentier de rando qui redescend vers Doolin, la « ville » la plus proche. Nous sommes donc allés nous aventurer du côté moins touristique pour trouver un bon campement au-dessus des falaises. Chose dite, chose faite et nous voilà installés, seul au monde, face à un superbe couché de soleil sans nuage, illuminant les falaises d’une belle couleur ocre. Nous ferons de beaux rêves cette nuit-là.P1000321_2

7 AOUT – JOUR 12 : GALWAY Réveil matin 8h et départ à pied le long de l’océan en direction de Doolin. La vue ne nous lasse pas. Dans le patelin, nous tentons un peu de stop, sans grand succès. C’est si petit ! Un peu découragé, nous nous résignons à prendre le bus pour rejoindre Galway… Payé 15€ par personne peut être acceptable après avoir passé deux semaines à faire du stop gratuitement, il nous semble. C’est ainsi qu’après 3h de bus, nous sommes arrivés à Galway, ville estudiantine très sympathique, avec un petit port et un parc où tout le monde se retrouve pour jouer de la musique, fumer, bronzer, papoter ou cuisiner (ça, c’était nous !). On s’est promené, on a chanté, on a dansé…on s’est bien amusé. Un bon Mac Do pour se sentir à nouveau comme un petit cochon qui mange des crasses et puis on trouve un parc désert à l’extrémité de la ville, près de la grand route en direction de Dublin… Et oui, on a essayé d’abord de faire du stop pour se rapprocher de la capitale mais ça ne s’est pas avéré être un réel succès alors on s’est couché pour reprendre de bonne heure le lendemain matin et profiter à max de notre journée pour visiter.

P10003908 AOUT – JOUR 13 : DUBLIN Une matinée de stop et nous sommes à Dublin pour manger notre repas de midi. On passe à l’office du tourisme pour se renseigner du meilleur tour à faire à Dublin en une après-midi et très vite, nous voilà arpentant les rues de Dublin. On passe dans le cartier viking, devant le musée national, la bibliothèque, trinity college, la cathédrale Saint Patrick, le cartier des pubs… Ca nous plait, mais ça change des paysages de nature auxquels on a eu droit et on sent tout de suite le stress de la ville, les touristes, les mendiants… Un vrai retour à la civilisation ! Le soir, nous rejoignons Gonzague pour récupérer la valise de Matthieu, nous allons voir Mélanie qui est arrivée la semaine dernière en Irlande et puis nous rassemblons tous nos amis belges au Bernard Shaw, un bar très sympa un peu en dehors du centre avec une bonne ambiance de hippie : il y a même un vieux bus retapé aux goûts de l’endroit où l’on peut manger des pizza jusqu’à 22h et fumer la chicha après. Bref, une chouette soirée pour clôturer ce beau voyage avant de reprendre l’avion le lendemain matin vers Bruxelles. En tout cas, on ne l’oubliera pas cette belle Irlande, cette terre bafouée par les vents, peut-être pas jusqu’à en être brulée car l’humidité et la pluie y ont pris leurs droits. Nous garderons en mémoire les merveilleux paysages et les bons moments partagés, des moments de rire, d’échange parsemés d’un peu folie et de danse car, là-bas, on dit que la vie c’est une folie et que la folie, ça se danse !